L'État français se montre-t-il particulièrement généreux envers ses anciens présidents ? C'est ce qui ressort des chiffres dévoilés concernant les coûts engendrés par les avantages accordés à Nicolas Sarkozy et François Hollande depuis leurs départs respectifs de l'Élysée. Nous vous proposons ici un tour d'horizon des principales dépenses liées à l'après-présidence.
Décret du 4 octobre 2016 : large éventail de privilèges
Ce n'est pas un secret, les anciens locataires de l'Élysée jouissent de nombreux privilèges après avoir quitté leur fonction. Le décret n°2016-1302 du 4 octobre 2016 encadre ces avantages matériels et humains, qui incluent entre autres la mise à disposition de locaux meublés et équipés, le paiement des salaires des membres du cabinet et des agents de service, ainsi que la prise en charge des frais de réception et de déplacement.
Frais immobiliers : les deux ex-présidents logés aux frais de l'État
- François Hollande : notamment une facture annuelle de 221 074 euros pour son local situé au 242 rue de Rivoli, avec des charges s'élevant à 153 903 euros.
- Nicolas Sarkozy : une somme totale de 196 981 euros, dont 169 646 euros pour son local basé au 77 rue de Miromesnil.
Les dépenses liées aux activités post-présidentielles : Hollande devance Sarkozy
L'une des catégories de dépenses les plus importantes concerne les frais engagés pour l'exercice des fonctions prévues par le décret. François Hollande arrive en tête avec un total de 67 171 euros tandis que Nicolas Sarkozy n'en a cumulé « que » 27 335 euros.
Rémunération du personnel : légère hausse pour le cabinet de Sarkozy
Selon les services comptables de Matignon, au 31 décembre 2022, la moyenne des deux plus hauts et plus bas salaires nets est :
- 6 392 euros pour le cabinet de Nicolas Sarkozy.
- 5 448 euros pour celui de François Hollande.
Cependant, durant le premier trimestre, les collaborateurs de François Hollande étaient en nombre bien supérieur, ramenant ainsi à égalité le coût global pour les contribuables, qui s'élève à environ 3 millions d'euros pour chaque président.
Comment justifier ces dépenses exorbitantes ?
Si la question mérite d'être posée, il convient toutefois de souligner que cette mise à disposition de ressources matérielles et humaines permet également de soutenir financièrement les projets et missions auxquels se consacrent les anciens présidents. En effet, ils sont souvent sollicités pour représenter la France lors d'événements internationaux ou intervenir sur des thématiques d'intérêt national.
L'héritage de la Ve République
Cette tradition remonte à la création de la Ve République, avec une volonté initiale de garantir la continuité entre les différents chefs d'État et d'affirmer l'autorité du régime au niveau international. Cependant, elle incarne également un système politique qui peine à évoluer, malgré les nombreuses réformes que connaît le pays.
Vers une réduction des avantages ?
Régulièrement mis en lumière par la presse français, ce statut privilégié suscite depuis plusieurs années de nombreux débats au sein de la classe politique. Certains élus et partis politiques plaident ainsi pour une révision du cadre législatif, afin de mieux encadrer ces dépenses et de les adapter à l'évolution du contexte économique et social actuel. En conclusion, il est indéniable que les chiffres concernant les dépenses engendrées par les avantages accordés aux anciens présidents peuvent choquer, surtout en période de crise économique et de rigueur budgétaire. Toutefois, rappelons que la fonction présidentielle ne s'arrête pas forcément avec la fin du mandat et que ces moyens alloués servent également à soutenir différentes missions d'intérêt national et international. La question de la réforme du statut des anciens présidents reste toutefois d'actualité, et il appartient à nos dirigeants actuels d'en débattre sérieusement.